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Salvia divinorum

La salvia divinorum

Parmi les plantes ethnobotaniques, il était une fois une plante secrète  …

Elle apparut pour la 1ere fois dans des publications de Jean Bassett Johnson.  En 1939, à Huautla de Jiminéz, Mexique, il a pu observer avec un groupe d'anthropologues que le peuple Mazatèque utilisait des champignons hallucinogènes et une plante nommée Yerba Maria lors d'une cérémonie de guérison. Des grandes feuilles de cette plante furent enveloppées dans des feuilles de Xanthosoma pour les conserver au frais jusqu'à une semaine et elle fut consommée broyée puis macérée dans de l'eau froide lors des cérémonies pour la guérison, la divination, et la formation de nouveaux chamans.

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Xanthosoma sagittifolium
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En 1945, le médecin et naturaliste Blas P. Reko trouva également la plante magique parmi les Indiens Cuicatecs et les Mazatèques qui l'appellaient «feuilles de prophétie», mais à partir des ses feuilles détachées, il ne put l'identifier et il les envoya à divers taxonomistes américains pour identification. 

Sept ans plus tard, en 1952, ce fut l'anthropologue Roberto J.Weitlaner, expert des peuples d’Oaxaca, qui remarqua l'utilisation de la plante Yerba de María par les Mazatèques
 

Outre son utilisation principale dans la divination chamanique, Weitlaner rapporte que les infusions étaient également appliquées localement, le patient baignait dans la même infusion qu'il avait précédemment ingérée et on plaçait un cataplasme de feuilles sur sa tête.
 

Elle fut utilisée pour soigner des problèmes digestifs comme la diarrhée, comme stimulant ou tonique pour les personnes âgées et à petites doses contre les maux de tête et les rhumatismes.

Enfin, pour guérir une maladie magique appelée panzón de borrego, le gros ventre d’agneau causée par la malédiction d'un Brujo, quelqu'un qui
pratique la magie noire ou maléfique.

En 1957, le botaniste mexicain Arturo Gomez-Pompa à identifié le premier spécimen en tant que genre salvia sp.  

Les Mazatèques la nommaient Xka Pastora, mais étaient très protecteurs de leurs connaissances, et les ethnobotanistes n'étaient pas autorisés à visiter les sites de culture pour récolter du matériel de floraison nécessaire à une identification.

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En 1962, les ethnobotanistes Wasson et Hofmann ont eu plus de succès en développant une relation de confiance avec un ou deux Curanderos plutôt que d'en questionner plusieurs afin de compléter les connaissances sur l'ethnobotanique Mazateque.  
 

"Nous étions à l'affût de cette sauge lorsque nous traversions la Sierra Mazateca à cheval en septembre et octobre 1962, mais nous n'avons pu la voir qu'une seule fois. Les Indiens choisissent un ravin éloigné pour la planter, et nous ne savons pas si elle s'y trouve à l'état sauvage"
 

Wasson notait que la Curandera María Sebastiana Carrera n'a pas voulu admettre les chercheurs à une véritable cérémonie, mais a éclaté en larmes, implorant le ciel de lui pardonner d'avoir révélé sa connaissance sur l'utilisation des feuilles et d'avoir répété certains chants de cérémonie. 
 

Puis Hofmann à décrit comment les membres de l'équipe ont été emmenés en secret, dans la nuit à la maison de Consuela Garcia, pour participer à une cérémonie de divination où une macération de feuilles fraîches écrasées à la main ou dans un « metlatl » fut utilisée, tel que Weitlaner l’avait décrit en 1952.
 

Et enfin, ils obtenaient le premier spécimen en fleurs par Natividad Rosa, une ancienne Curandera du village de San Jose Tenango. Ils n'ont pas été autorisés à visiter l'endroit où poussaient les plantes mais ont pu la donner à Carl Epling et Carlos D. Jativa de l'institut botanique de l'Université Harvard à Cambridge. Ainsi, elle fut identifiée comme une nouvelle espèce de Salvia.

Malgré des avis qui diffèrent, Wasson supposait que salvia divinorum représenterait le mystérieux pipiltzintzintli perdu des Aztèques. 

D'après le Teatro Mexicano de l’historien Agustín de Vetancurt de 1698, érudit de la langue nahuatl,  «les Aztèques le prenaient comme boisson pour ne pas ressentir de lassitude, et, appliqué comme cataplasme, il guérissait les parties blessées, dans l'eau ordinaire ... et bien que les Natifs le vénéraient, le tribunal du Saint-Office de l’ Inquisition le détestait en tant que superstitieux parce que ces gens ont coutume de le prendre pour la divination pour apprendre des choses cachées dans leurs rêves, et en le mélangeant avec du zacazili (sacasil, une espèce d'Anredera, ou sacasile, Boussingaultia sp ) et de l’ololiuhqui (Rivea corymbosa)  pour le poser sur des fractures. »

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Boussingaultia baselloides

La distribution de cette plante rare est limitée aux hauts plateaux de la Sierra Mazateca à Oaxaca, où elle pousse à des altitudes de 300 à 1800 m dans la forêt nuageuse primaire et secondaire et dans la forêt tropicale sempervirente sur des sols noirs le long des berges et dans des ravins humides et très ombragés.

Elle fut aussi planté dans des plantations de café, qui sont souvent recouvertes d'un épais brouillard, fournissant l'humidité nécessaire à sa croissance.

Les tentatives d'évangélisation par les Franciscains et Dominicains étaient couronnées de succès, mais les Mazatèques ont maintenu leurs croyances traditionnelles, encore pratiquées aujourd’hui. La plante ne fut pas cultivée dans des jardins familiaux mais dans des grottes, bosquets et ravins secrets au plus profond de la forêt près de leurs villages.

Les plantes sauvages trouvées en 1993 par Reisfield étaient très probablement des survivantes d'une plantation historique par les peuples autochtones. 

Toutes les plantes de salvia divinorum des États-Unis à cette époque descendait des spécimens originaux donnés à Epling, 

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Toujours en culture chez certains collectionneurs et jardins botaniques, la sauge des devins ou salvia divinorum est de la famille des Lamiaceae, dont beaucoup de genres sont aromatiques, ont les tiges carrées et les feuilles opposées.

Il y a plus de huit cents salvias dans le monde, et autant de variétés obtenues par l’homme ou par hybridation naturelle spontanée. 

Le nom scientifique du genre salvia vient du latin salvus = sauver, et le nom de l’espèce divinorum, donné par Epling & Játiva, se réfère à l’usage pour la divination qu’en faisaient les Indiens Mazatèques

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